Chronique du 20 juin 2022

HAINE EN LIGNE : INTERNET, LA MODE ET LES NEO-NAZIS

Illustration : Ann Kieran / Belling Cat

Sur Internet, les Néo-Nazis et autres groupes d’extrême-droite, racistes et suprémacistes, utilisent la mode pour financer leurs mouvements et répandre leur idéologie haineuse.

Si certains articles sont facilement identifiables, d’autres sont plus discrets, et parfois disponibles sur des sites de vente en ligne grand public, malgré les mesures prises pour les interdire.

Voilà quelques pistes pour les détecter.

On ne donne pas les noms de ces marques et sites pour ne pas leur faire de publicité. On donne certains exemples pour illustrer nos explications.

Certains groupes d’extrême droite utilisent les plateformes de médias sociaux grand public (Instagram, Facebook) pour promouvoir des liens vers leurs propres boutiques en ligne et celles de leurs alliés.

Souvent, leurs pages Instagram sont soigneusement organisées pour rester dans les limites des règles de la plateforme, mais sont directement liés aux chaînes Telegram et aux boutiques en ligne où les mêmes groupes vendent des articles de mode représentant des symboles nazis et racistes.

Si certains articles de mode représentent ouvertement des symboles nazis (par exemple une croix gammée), d’autres montrent des références plus subtiles ou codées au fascisme et au nazisme, et sont donc plus difficiles à détecter.

Par exemple :

  • Acronymes et abréviations : “2yt4u” (pour “too white for you” qui signifie « Trop blanc pour toi »), “WLM” (pour « White Lives Matter » signifiant « Les vies blanches comptent »).
  • Références multiples à la couleur blanche ( en anglais « White ») : « white girl », « white hunter », « white division »…
  • Symboles des cultures européennes celtiques et nordiques, dont beaucoup ont été détournés par les groupes blancs extrémistes, alors que ces symboles n’ont à la base aucune connotation raciste. Par exemple, le vegvisir viking, le Triskele celtique et bien d’autres.
  • La « Totenkopf » ou tête de mort nazie, qu’utilisaient les SS comme emblème.
De gauche à droite : le Triskele celtique, le vegvisir viking, et la Totenkopf représentée sur un tee-shirt vendu en ligne

Il arrive aussi que des symboles ouvertement fascistes et nazis, comme la croix gammée, soient représentés de façon dissimulée à travers d’autres motifs décoratifs, et peuvent donc passer plus facilement inaperçus pour le grand public, tout en servant de signe de ralliement pour les groupes d’extrême-droite :

Bonnet avec motif intégrant une croix gammée, vendu en ligne.
Serviette de toilette avec motif intégrant une croix gammée, vendue en ligne.

Grâce à des signes de reconnaissance plus subtils, les groupes extrémistes et racistes parviennent à déjouer les interdictions légales contre les discours haineux et racistes, et à toucher un public plus large qui n’a pas conscience de la signification détournée donnée à ces signes.

Prenons par exemple ce tee-shirt « Happy Halloween”. A première vue, rien de suspect : il représente de petits fantômes stylisés. Et pourtant…

Tee-shirt « Happy Halloween » représentant le Ku Klux Klan et ses victimes, vendu en ligne.

C’est un tee-shirt promu par l’extrême-droite raciste : le fantôme à droite (blanc) porte une torche, comme les membres du Ku Klux Klan, une société secrète américaine suprémaciste qui a commis d’atroces exactions contre la population noire. Les petits personnages à gauche du tee-shirt (qui ne sont pas blancs) transpirent de peur…

Les groupes extrémistes développent aussi la vente de produits d’arts martiaux et de sport de combat, ainsi que d’articles d’autodéfense : gants de MMA, équipements de sécurité, serviettes de sport… Là aussi, les références extrémistes et racistes peuvent être discrètes.

Gants MMA vendu en ligne sur un site extrémiste

Un certain nombre de boutiques en ligne d’extrême droite et néonazies utilisent ouvertement l’infrastructure fournie par les principaux processeurs de paiement, les systèmes de gestion de contenu commercial et les sociétés d’enregistrement de domaine Web.

Vous avez identifié un site ou un compte suspect ?   Signalez-le sur PHAROS, le portail officiel français de signalement des contenus illicites de l’internet.

https://www.internet-signalement.gouv.fr/

SOURCES

  • “Fascist Fashion: How Mainstream Businesses Enable the Sale of Far-Right Merchandise” – May 24, 2022 Foeke Postma – Bellingcat

https://www.bellingcat.com/news/2022/05/24/fascist-fashion-how-mainstream-businesses-enable-the-sale-of-far-right-merchandise/

  • ADL: base de données sur les symboles les plus fréquemment utilisés par les groupes extrémistes et suprémacistes blancs.

https://www.adl.org/resources/hate-symbols/search

  • Recherches réalisées par Défendez-vous

Chronique du 25 novembre 2021

LUTTONS CONTRE LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES

Illustration : Rachel Lev (www.rachel-lev.com)

Aujourd’hui, 25 novembre, c’est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, et jour après jour, luttons ensemble contre les violences envers les femmes !

Violence familiale, violence sexuelle, harcèlement, esclavage, exploitation sexuelle, mutilations sexuelles, mariages précoces… La liste des violences subies par les femmes et les filles est interminable.

Les chiffres sont alarmants partout dans le monde.

  • 1 femme sur 3 a subi des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné dans sa vie, le plus souvent de la part d’un partenaire intime.
  • Chaque jour 137 femmes sont assassinées par un membre de leur famille.
  • 72 % de toutes les victimes de la traite des êtres humains sont des femmes et des filles, trois quarts d’entre elles sont exploitées sexuellement.
  • Plus de 200 millions de filles subissent chaque année des mutilations génitales.

Ces violences trouvent généralement leur source dans des préjugés sexistes et patriarcaux, qui réduisent les femmes à un rôle sexuel, reproducteur et domestique.

Ces préjugés servent d’alibi à certains hommes qui traitent femmes et filles comme des possessions sur lesquelles ils ont tous les droits, y compris celui de vie et de mort.

Le confinement et l’isolement social liés à la pandémie de COVID-19, combinés à une insécurité économique généralisée, ont encore aggravé les risques pour les femmes et les filles.

Plus que jamais, il est essentiel de préserver les droits et les libertés des femmes et des filles, qui sont leur premier rempart contre la violence.

Sources

  • « Global Report on Trafficking in persons » – ONUDC
  • « La violence à l’égard des femmes et des filles » – ONU Women
  • « Les mutilations génitales féminines » – UNICEF

Chronique du 21 novembre 2021

LA FACE OBSCURE DE LA PORNOGRAPHIE

EPISODE 1 : L’INCITATION A L’INCESTE

Les grandes plateformes pornographies légales françaises banalisent et encouragent, à travers leurs contenus, les violences sexuelles incestueuses envers les mineur(e)s.

On a visité l’une des 7 plus grandes plateformes, accessibles en 1 click sur Google. Voilà ce qu’on y trouve.

Note: Pour cette chronique, on a dissimulé les images et les mots les plus sexuellement explicites afin de dénoncer ces pratiques sans les montrer.

La plateforme pornographique fait la promotion des pratiques sexuelles « en famille », donc incestueuses :

Page d’accueil d’une plateforme pornographique s’affichant comme légale

Les mots employés appartiennent au vocabulaire enfantin (papy, papa…). Les titres des vidéos détournent volontairement des expressions enfantines (« Je fais plaisir à papa en mangeant ma soupe« ) en expressions sexuelles (« Je fais plaisir à papa en avalant son sp…e« ) :

Titre d’une vidéo pornographique

Le sexe est présenté comme une preuve d’affection, de reconnaissance ou d’obéissance de l’enfant envers un membre de sa famille (père, grand-père, frère…) quel que soit l’âge :

Titre d’une vidéo pornographique

Les vidéos liées à ces messages montrent souvent des femmes au visage très jeune qui ressemblent à des adolescentes.

La plateforme pornographique annonce respecter la réglementation. Toute personne qui va la visiter (y compris enfants et adolescents) pense donc que le contenu est conforme à la loi française et propose des pratiques sexuelles légales :

Or l’inceste avec des mineur(e)s est un crime en France.

⚠️Rappel de la loi française sur l’inceste

Il y a inceste quand l’acte sexuel est commis par un parent ou une personne de la famille (grand-parents, frère, oncle, tante, soeur…) mais aussi par le partenaire d’un parent ou membre de la famille (conjoint, concubin, partenaire de PACS).

Toute relation sexuelle incestueuse avec un(e) mineur(e) de moins de 18 ans est un viol, puni de 20 ans de réclusion criminelle (article 222-23-2 du Code pénal français). C’est toujours un viol, même si il y a « consentement ».

Pus de 80% des enfants et adolescent(e)s sont exposé(e)s à de la pornographie en ligne par hasard. Il y a donc un risque très élevé qu’ils/elles voient du contenu pornographique incitant à l’inceste et pensent que c’est normal.

En présentant le sexe comme une pratique normale au sein d’une famille, quel que soit l’âge, les plateformes pornographiques légitiment et encouragent un crime.

Elles entretiennent les fantasmes incestueux des adultes et font croire aux jeunes victimes que ce n’est pas un crime.

Vous êtes mineur(e) et victime d’inceste ?

Pour être protégé(e), contactez le 119 Numéro d’appel national gratuit pour l’enfance en danger.

Vous avez des fantasmes d’inceste et vous souhaitez être aidé(e) pour éviter un passage à l’acte ?

Contactez le STOP : 0 806 23 10 63 Appel confidential non surtaxé. Le STOP est le Dispositif téléphonique d’évaluation et d’orientation vers le soin pour les personnes attirées sexuellement par les enfants.

Chronique du 19 juin 2020

DESTRUCTION INTIME, ANEANTISSEMENT SOCIAL : LE VIOL, ARME DE GUERRE

Illustration : film « L’amour violé »

Partout dans le monde, des conflits armés sont le théâtre de violences sexuelles de masse. Commises par des militaires, des groupes armés, des terroristes ou des milices, ces violences touchent très majoritairement les femmes et les filles, mais parfois aussi des hommes et des garçons.

« Camps de viol » pendant la guerre en ex-Yougoslavie, viols de masse au Rwanda ou en République Démocratique du Congo, esclavage sexuel organisé par l’Etat Islamique au Moyen-Orient,…. : ce ne sont que quelques exemples du recours au viol comme arme de guerre. Une arme redoutablement efficace, en raison de ses conséquences dramatiques sur les victimes, et de l’impunité dont jouissent ses auteurs.

Par temps de conflit, le viol est rarement un phénomène aléatoire et individuel. Il s’agit généralement d’un phénomène de masse, perpétré dans un but stratégique et politique : faire pression sur l’ennemi par la terreur, le forcer à fuir ou encore détruire son organisation sociale. Les victimes sont alors choisies par les violeurs en raison de certains caractéristiques nationales, ethniques, idéologiques ou religieuses. La violence sexuelle de masse peut aussi avoir un objectif économique : c’est en réduisant certaines populations à l’esclavage sexuel que l’Etat Islamique (Daech) et d’autres groupes terroristes ont créé une partie de leur richesse.

Le viol en temps de guerre illustre de façon exacerbée tous les mécanismes à l’œuvre dans le phénomène du viol en général :

  • Les violeurs n’agissent pas sous l’effet d’une pulsion sexuelle incontrôlable. Ils violent parce qu’ils se sentent autorisés à le faire en toute impunité.
  • La honte du viol est rejetée non sur le violeur, mais sur sa victime et sa communauté.

Les violences sexuelles liées aux conflits se définissent ainsi : le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution, la grossesse, l’avortement, la stérilisation et le mariage forcés et toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable, perpétrés contre des femmes, des hommes, des filles ou des garçons, et ayant un lien direct ou indirect avec un conflit.

Tout au long des 20e  et 21e siècles, on retrouve certains de ces modes opératoires :

  • Grossesse forcées (conflit en ex-Yougoslavie)
  • Inoculation intentionnelle de certaines maladies sexuellement transmissibles (Sierra Leone, République Démocratique du Congo/RDC).
  • Education des enfants-soldats au viol de masse (Ouganda, Libéria).
  • Viols filmés et mis sur les réseaux sociaux (RDC, Libye).
  • Prostitution forcée et esclavage sexuel (camps de concentration nazis en Europe et « femmes de réconfort » en Asie pendant la Seconde Guerre Mondiale, esclaves sexuelles de l’Etat Islamique plus récemment)

Si les victimes de viols de guerre sont très majoritairement les femmes et les filles, la violence sexuelle vise parfois les hommes, comme au Libéria, à Sarajevo ou encore Abou Ghraib (où elle fut confiée à des femmes).

Le viol de guerre : entre « laisser-faire » et politique délibérée

Le viol de guerre correspond soit à une politique méthodique et délibérée, soit à du « laisser-faire ». Les pratiques du commandement déterminent, ou pas, la mise en œuvre du viol de masse. Les pratiques de la troupe dépendent de leur encadrement supérieur.

En témoigne le phénomène des viols de masse en Allemagne par l’armée soviétique pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sur le terrain, soit le commandement était lui-même impliqué dans les viols, soit les tentatives pour retenir les troupes, généralement saoules, droguées (notamment avec des substances chimiques dérobées dans les laboratoires et usines pillés) et armées, étaient trop dangereuses pour les officiers eux-mêmes. Le commandement principal et le pouvoir politique se sont montrés aveugle ou complaisant.  Staline lui-même justifiait les viols en disant « Il faut bien que les gars s’amusent un peu! ». Un autre facteur a contribué à cette sauvagerie sexuelle : à l’époque, la liberté sexuelle n’existait pas en Union Soviétique, pour raisons idéologiques. Les sentiments et émotions humaines étaient niés et il n’existait aucune éducation sexuelle. Toute forme de désir devait être convertie en amour du Parti communiste. Dans ces conditions, les soldats les plus rudimentaires souffraient d’une ignorance sexuelle presque totale, qui, dans le climat de peur et de violence lié à la guerre, s’est transformé en sauvagerie sexuelle.

Le viol, arme de terreur et de destruction sociale

En faisant éclater certaines structures légales, la guerre crée un environnement propice à une criminalité sexuelle de groupe. Mais le viol de guerre dépasse les cas individuels isolés : il correspond généralement à un objectif politique, à une mission assignée aux troupes combattantes. Le viol de guerre est un puissant instrument de guerre, utilisé par le pouvoir politique et le commandement pour persécuter, terroriser et dominer l’ennemi.

C’est le Sac de Nankin en 1937 qui a inauguré le viol de guerre comme acte d’anéantissement d’une société. L’Armée Impériale Japonaise viola et massacra des milliers de civils chinois avec une atroce cruauté : mutilations sexuelles, viols sur enfants, viols perpétrés en public ou sous les yeux des familles, prostitution forcées, etc. Les soldats étaient encouragés par leur commandement à faire preuve d’une violence sexuelle sauvage, destinée à salir et détruire toute une société.

La violence sexuelle a été utilisée pour déplacer des populations, et accaparer des terres contestées et d’autres ressources. Le viol, souvent accompagné de mutilations sexuelles, joua ainsi un rôle central dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 (entre 300.000 et 500.000 cas en 3 mois). Au Soudan du Sud, des milices alliées ont violé des femmes et des filles dans le cadre d’une campagne visant à chasser des opposants du sud de l’État de l’Unité. Pendant la guerre ex-Yougoslavie, au début des années 1990, les Serbes ont établi une politique du viol de masse en Bosnie dans un but de purification ethnique : des « camps de viol » ont été créés, où les femmes bosniaques étaient violées et gardées afin de mener leur grossesse à terme. Le but du pouvoir serbe était de faire naître des enfants de pères serbes et donc de modifier la répartition ethnique du pays. Lors de la guerre de libération du Bangladesh en 1971, les soldats du Pakistan occidental violèrent entre 200 000 et 400 000 femmes bengalis pour repeupler le Pakistan oriental de musulmans plus « purs », moins « hindouisés ».

La violence sexuelle a également été utilisée par les groupes terroristes comme outil de déstabilisation et de domination. Les groupes terroristes ont aussi eu recours à la violence sexuelle à des fins de recrutement, pour attirer de jeunes hommes en leur promettant mariage et esclaves sexuelles. La violence sexuelle peut jouer un rôle vital dans l’économie politique du terrorisme, les marchés aux esclaves – en ligne ou non – et la traite des personnes permettant aux groupes terroristes comme l’Etat Islamique de tirer des revenus des enlèvements continuels de femmes et de filles.

La violence sexuelle est également utilisée pour intimider et punir les opposants politiques et dissuader les femmes de participer à la vie politique. Au Burundi par exemple, des viols sont commis sur des femmes et des filles en raison de leur affiliation politique.

La surenchère de cruauté qui accompagne souvent les viols de guerre est rarement le résultat de comportements pathologiques ou pulsionnels de la part des violeurs. Elle correspond au contraire à une méthode rationnelle et calculée pour semer la terreur au sein des populations visées et leur faire comprendre qu’il n’y aura aucune limite à la destruction intime, physique et sociale. C’est un message pour qu’elles fuient ou se soumettent. Pour aboutir à l’anéantissement d’un peuple, violer les femmes est plus efficace que les tuer : les femmes sont encore en vie mais psychologiquement anéanties, parfois mutilées et stériles. En outre, elles sont soumises à la honte au sein de leur famille et de leur groupe social, qui les rejettent souvent, surtout dans les sociétés très conservatrices. Les enfants nés du viol viennent bouleverser l’organisation sociale et entretiennent le souvenir de l’ennemi pour plusieurs générations.

Impunité des violeurs, honte et détresse des victimes

Les femmes n’osent pas parler du viol subi à cause de la honte qui entoure cet acte et les proches ne veulent pas en entendre parler car cette honte rejaillit sur eux. Il a fallu par exemple attendre plus de 60 ans pour que les femmes violées par l’Armée Rouge en Allemagne pendant la Second Guerre Mondiale commencent à témoigner, tant ce phénomène était tabou. Trop souvent, les victimes hésitent à raconter ce qu’elles ont vécu de crainte d’être stigmatisées, de faire l’objet de représailles et d’être rejetées par leur famille et leur communauté. De plus, elles n’ont pas confiance dans les solutions disponibles pour leur rendre justice, qu’elles soient judiciaires ou non.

Par ailleurs, pendant un conflit où tant de personnes sont blessées, torturées ou tuées, le viol est considéré comme un acte de moindre gravité, il est minimisé car il est supposé provoquer des souffrances moindre que les tortures ou les exécutions. Le viol fut longtemps considéré comme un aléa mineur de la guerre. Il a fallu attendre l’article 7 du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (instaurée en 2002) pour que le viol systématique soit considéré comme un crime de guerre et un crime contre l’humanité.

Les violeurs en temps de conflit continuent à jouir d’une grande impunité. Par exemple, alors que plus de 20 000 femmes ont été violées en Bosnie-Herzégovine lors du conflit dans les années 1990, seuls 32 des 160 accusés ont été reconnus coupables de violences sexuelles.

Faute de moyens financiers et juridiques suffisants, les tribunaux internationaux condamnent peu d’auteurs de viols. En dépit des évolutions positives du droit international, les violeurs et ceux qui les encouragent à violer savent qu’ils courent peu de risques d’être punis. Pourtant, lutter contre l’impunité liée aux violences sexuelles est un élément central de dissuasion et de prévention de tels crimes. C’est aussi un élément clé du processus de réparation et de dédommagement pour les victimes.

Souvent abandonnées à elles-mêmes, les victimes doivent faire face à la souffrance physique  et psychologique provoquée par le viol. La brutalité des violeurs est parfois telle que des interventions chirurgicales sont nécessaires pour soigner les victimes. Le docteur Denis Mukwege, désigné prix nobel de la paix 2018, est devenu célèbre pour avoir soigné quelque 50.000 victimes de violences sexuelles dans l’est de la République Démocratique du Congo.

Les victimes doivent aussi assumer des grossesses non désirées. Les enfants nés de viols matérialisent la réalité de l’acte. De ce fait, leur existence peut être niée ou mise en danger par des mères qui ne supportent pas le souvenir traumatique. La violence sexuelle a également des répercussions sociales et économiques graves et durables sur les victimes. Ainsi en Bosnie-Herzégovine, plus de vingt ans après la fin des hostilités, des milliers de personnes ayant subi des violences sexuelles pendant le conflit continuent de souffrir d’une marginalisation socioéconomique et de stigmatisation.

Les effets de la violence sexuelle liée aux conflits se répercutent sur des générations à travers les traumatismes, la stigmatisation, la pauvreté, la santé précaire et les grossesses non désirées. Ils sont subis par les victimes et leurs enfants.

Depuis quelques années, les instances internationales mettent davantage de moyens en œuvre contre la violence sexuelle en temps de conflit. Ainsi, le 19 juin 2008, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1820 (2008), qui condamne l’utilisation de la violence sexuelle comme une arme de guerre pouvant faire obstacle à la consolidation de la paix.

SOURCES

Raphaëlle Branche, Les violences contre les femmes dans les zones de conflit, in Nouvelles guerres – Comprendres les conflits du XXIe siècle, Bertrand Badie & Dominique Vidal (dir.), La Découverte/Poche

Raphaëlle Branche & Fabrice Virgili (dir.), Viols en temps de guerre, Paris, Payot, 2011, 270 p.

Antony Beevor, Berlin, the downfall, 1945, Island Books.

Philippe Rousselot, Le viol de guerre, la guerre du viol, in Inflexions – Civils et militaires – Pouvoir dire, n° 38

Amber Peterman, Tia Palermo, Caryn Bredenkamp – Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo – American Public Health Association

Libye. Le viol, arme de guerre des milices pro-Khadafi – The Independent – Londres 21/06/2011

Fabrice Virgili – Les viols commis par l’armée allemande en France (1940 – 1944) – Revue Vingtième siècle – 2016/2 – n° 130

Martha Hillers – Une femme à Berlin – Gallimard

Nations Unies – Rapport du Secrétaire Général sur les Violences sexuelles liées aux conflits – 2019

https://www.un.org/fr/events/elimination-of-sexual-violence-in-conflict/

Chronique du 15 juin 2020

VIOLENCES POLICIERES : PREJUGES ET REALITES

Entre médiatisation à outrance de certaines affaires et récupération politique, difficile d’y voir clair dans le débat actuel sur les violences policières. Voici quelques pistes de réflexion sur les questions les plus brûlantes

⚠️Les sources de nos informations sont variées (ONG, experts indépendants, police/gendarmerie) parce que la multiplicité des points de vue facilite l’objectivité.

🔳Quand l’usage de la violence par les forces de l’ordre devient-il excessif ?
➡️Le recours à la force par la police et les autres agents chargés de l’application des lois (comme les gendarmes) est nécessaire pour assurer le maintien de l’ordre et la protection de la population face à certains individus dangereux. Mais il devient illégal lorsqu’il est excessif ou injustifié (tortures, exécutions arbitraires, etc). Toute la difficulté est de déterminer, dans les cas d’homicides ou de violences commises par les forces de l’ordre, si cette violence était justifiée et proportionnée au danger, ou pas. En France, c’est le travail des services d’inspection (IGPN pour la police, IGN pour la gendarmerie) et du système judiciaire.
D’après l’IGPN, le nombre d’allégations de violences volontaires a augmenté de plus de 40 % entre 2018 et 2019.

🔳Les dérives violentes sont-elles un phénomène généralisé au sein des forces de l’ordre ?
➡️Voici la réponse de l’ONG Amnesty International, la plus grande organisation mondiale de protection des droits humains :
« Amnesty International reconnaît que la tâche des responsables de l’application des lois en France est difficile et dangereuse, qu’elle les expose souvent à des risques importants et que la majorité de ces agents s’acquittent de leurs fonctions de manière professionnelle et dans le respect de la loi. Il n’en demeure pas moins que des erreurs et des fautes sont parfois commises, et qu’il est nécessaire de l’admettre. »
Amnesty International propose plusieurs recommandations, notamment des enquêtes impartiales et neutres réellement indépendantes :
https://www.amnesty.fr/…/violences-policieres-et-impunite-e…
➡️Les statistiques confirment que les dangers auxquels sont confrontés policiers et gendarmes sont en hausse constante (source : ONDRP – chiffres 2018) :
• 25 policiers et gendarmes sont décédés dans l’exercice de leurs fonctions soit le plus haut niveau sur les 5 dernières années :
• Le nombre de gendarmes blessés à la suite d’une agression a augmenté de près de 20 %.
• Le nombre de policiers blessés par arme a augmenté de près de 60 %.
• Le nombre de policier blessés dans le cadre de leur mission a augmenté de plus de 16%, soit la plus forte hausse depuis 2009.
La violence accrue des manifestations publiques (surtout à cause des « Black Blocs ») a entraîné des ripostes plus fermes de la part des forces de l’ordre.

🔳Les forces de l’ordre font-elles preuve de discrimination à l’égard de certaines minorités ?
➡️ Dans un grand nombre de cas sur lesquels Amnesty International s’est penchée, il a été question d’un comportement discriminatoire vis-à-vis des personnes appartenant aux minorités « visibles ».
Toutefois en l’absence de statistiques officielles sur l’origine ethnique de la population en France, ou de données ventilées concernant les interventions de la police, il est malheureusement impossible aujourd’hui de conclure si ces discriminations sont des dérives isolées ou un phénomène généralisé au sein de la police et de la gendarmerie.

Sources : Amnesty International – ONDRP – IGPN – CREOGN

Chronique du 1 juin 2020

CONSTRUIRE SA FORCE MENTALE EN 3 TECHNIQUES SIMPLES

La force mentale, c’est comme les muscles : vous pouvez la renforcer jour après jour grâce à quelques techniques faciles qui ont fait leur preuve.

Découvrez 3 techniques simples pour :

  • Ancrer votre confiance en vous
  • Contrôler vos états de conscience
  • Visualiser vos peurs pour les surmonter

Commençons aujourd’hui par une technique qui vous aidera à mobiliser votre confiance en vous et votre force mentale quand vous en avez besoin grâce à une technique de conditionnement mentale positif.

La technique d’auto-ancrage utilisée en PNL (programmation neuro-linguistique) permet d’associer une réaction mentale interne positive à un élément déclencheur simple.

Son objectif : vous permettre de trouver un point stable, un « ancrage positif » pour vous aider à vous sentir fort (e) et confiant (e).

Exercice à faire vous-même pour créer votre ancre :

  1. Installez-vous au calme, allongé (e ) ou assis (e ), et détendez-vous.
  2. Choisissez le souvenir d’un moment où vous vous êtes senti (e ) fort (e), satisfait (e) car vous aviez surmonté une épreuve ou remporté un succès (même très simple) : vous avez réussi un examen, couru plus longtemps que d’habitude… ou tout simplement réussi une nouvelle recette de cuisine…Souvenez-vous de votre ressenti positif à ce moment-là.
  3. Choisissez un élément déclencheur simple. Ca peut-être un geste (par exemple poser votre main sur votre ventre, ou joindre vos mains) ou une image interne (un coquillage, un animal, une mélodie…).
  4. Pratiquez l’élément déclencheur que vous avez choisi tout en revivant le souvenir positif où vous vous sentiez fort ( e) et confiant (e). Cette association élément déclencheur/souvenir, c’est votre ancre : l’émotion positive du souvenir est encapsulée dans l’élément déclencheur.
  5. Dans toutes les situations où vous vous sentez stressé (e ), pratiquez le geste déclencheur et vous retrouverez ainsi la sensation de force qui y est associée. Vous avez programmé votre cerveau pour raviver cette émotion dans les moments où vous en avez besoin.

Cet exercice d’ancrage doit être pratiqué régulièrement pour être efficace.

A bientôt pour de nouvelles techniques pour construire votre force !

Chronique du 8 mars 2020

ETRE UNE FEMME EN 2020, C’EST SAVOIR SE BATTRE

Le 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes.

Une date importante pour rappeler que survivre et vivre en tant que femme dans le monde actuel, c’est une vraie course d’obstacles et une lutte de chaque instant.

Des dizaines de millions de femmes subissent des violations graves de leurs droits les plus fondamentaux (droit à la sécurité, à la santé, à l’éducation…).

Vous êtes une femme et vous lisez ces lignes ? Soyez fière de vous, vous êtes une battante ! Car vivre en tant que femme dans le monde d’aujourd’hui, c’est :

👊 Survivre aux infanticides
☑️ A cause des infanticides de petites filles, il y aurait environ 100 millions de petites filles « manquantes » dans le monde entier.

👊 Survivre à la violence familiale
☑️ Chaque jour, plus de 130 femmes dans le monde sont assassinées par un membre de leur famille ou par leur partenaire intime.
☑️ Chaque jour, 25 000 filles sont victimes de mariages forcés.

👊 Survivre à la violence physique et sexuelle
☑️ 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles, exercées le plus souvent par le partenaire intime.
☑️ Plus de 200 millions de filles subissent chaque année des mutilations génitales.

👊 Survivre en donnant la vie
☑️ Plus de 800 femmes meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
☑️ La grossesse est la première cause de mortalité chez les filles âgées de 15 à 19 ans.

👊 Survivre malgré les inégalités sociales et la précarité
☑️ Dès l’enfance, les filles sont reléguées aux tâches domestiques ou doivent travailler. Les 2/3 des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes.
☑️ Les femmes sont payées approximativement 20% de moins que les hommes dans le monde.

En pièce jointe, une excellente vidéo de la FIDH qui résume tout !

Sources des statistiques: OIT, ONU, OMS, FIDH.

Chronique du 13 août 2019

PLAIDOYER POUR L’AUTODEFENSE : UNE SOLUTION CONCRETE FACE A LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES

Jusqu’à présent, l’autodéfense n’a pas eu la place qu’elle mériterait dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Non seulement son efficacité est largement méconnue, mais elle fait aussi l’objet de nombreux préjugés qui en ont donné une vision réductrice, voire erronée.

Encourager les femmes à prendre en main leur propre sécurité grâce à l’autodéfense, c’est leur donner des solutions rapides et concrètes en attendant que les institutions les protègent mieux et que le comportement des agresseurs change.

Non, la violence envers les femmes n’est pas une fatalité.

Non, il ne suffit pas de fournir une assistance psychologique, matérielle et juridique aux femmes une fois qu’elles ont déjà été victimes : il faut aussi leur donner les moyens de ne pas l’être.

Oui, on peut apprendre aux femmes, dès leur plus jeune âge, à se défendre face à la violence.

Oui, on peut apprendre aux hommes, dès leur plus jeune âge, à respecter les femmes et à les soutenir face à la violence.

🚩 L’autodéfense, ça marche et c’est prouvé

Plusieurs programmes d’autodéfense pour femmes conduits à travers le monde ont prouvé leur efficacité dans la prévention contre les violences faites aux femmes. En voici quelques-uns dont les résultats sont particulièrement impressionnants :

  • No means no (traduction : Non c’est non) est un programme de prévention contre le viol mis en place en Ouganda et au Kenya au profit des jeunes filles mais aussi des jeunes garçons entre 10 et 20 ans, notamment dans des bidonvilles où les jeunes filles subissent une grande violence sexuelle. Il s’est ensuite développé dans d’autres régions du monde. Le programme repose sur une formation de 12 heures basée sur des techniques physiques, verbales et des jeux de rôles destinés à apprendre comment faire face à une agression. Le programme a donné des résultats spectaculaires : plus de la moitié des jeunes filles formées a évité un viol grâce aux techniques enseignées[1]. Ces résultats ont été mesurés et étudiés par des revues scientifiques et ont poussé le gouvernement kenyan à rendre les cours d’autodéfense obligatoires dans les lycées de Nairobi depuis 2017.
  • Un programme d’autodéfense a été mis en place dans 3 universités canadiennes pour lutter contre le fléau des agressions sexuelles sur les campus. Les résultats, évalués par l’Université de Windsor, furent stupéfiants : pour les 893 étudiantes ayant suivi le programme d’autodéfense de 12 heures, une réduction de 46 % dans le nombre de viols subis et de 63 % dans les tentatives d’agressions sexuelles a été constatée. D’autres études similaires corroborent ces conclusions[2].
  • Un rapport commissionné en 2005 par le National Institute of Justice aux Etats-Unis[3] a montré que l’utilisation de techniques d’autodéfense réduit de plus de 80% le risque de viol (par rapport à l’absence de résistance) et qu’elle n’augmente pas de façon significative le risque de blessures graves pour la personne qui les utilisent.

Si l’apprentissage de techniques d’autodéfense permet en moyenne de réduire la violence envers les femmes d’au moins 50%, pourquoi la France n’a-t-elle toujours pas encouragé ce genre de mesures ? A cause d’idées reçues et de préjugés auxquels il est grand temps de tordre le cou, pour donner aux femmes la capacité de ne plus être victimes, en attendant que les mentalités évoluent et que la violence diminue.

🚩 Pour en finir avec les préjugés sur l’autodéfense

L’autodéfense est souvent mal connue, et mal comprise. Certaines personnes la réduisent à quelques techniques physiques de frappes et de saisies. D’autres l’assimilent à l’usage libre d’armes à feu au sein de la population civile, à cause des dérives sécuritaires observées dans des pays comme les Etats-Unis, où certaines influenceuses osent même vanter les mérites des armes sur les réseaux sociaux sous couvert de féminisme.

Pourtant, dans son principe et sa philosophie, l’autodéfense n’a rien à voir avec ces visions réductrices ou dangereusement extrêmes : elle est avant tout un état d’esprit et une façon de se comporter au quotidien pour assurer sa propre sécurité, dans le respect des autres et de la loi. Apprendre à se protéger, c’est d’abord développer son attention au monde et aux gens que l’on croise pour percevoir les dangers potentiels puis agir de la façon la plus efficace possible pour se soustraire au danger sans aggraver la situation. Ce n’est qu’en dernier recours, si aucune autre solution n’est possible, qu’on en vient à des techniques de riposte physique. C’est pour cette raison que les principes de base de l’autodéfense sont à la portée de toutes les femmes, y compris celles souffrant de handicaps.

L’autodéfense reste souvent perçue, à tort, comme une pratique anxiogène qui alimente la paranoïa et la peur permanente de l’agression. C’est au contraire en regardant la réalité en face, avec les dangers qu’elle comporte, que l’on peut s’y préparer efficacement et se sentir plus apte à y faire face, et donc moins anxieux-se. Vivre dans le déni du risque d’agression créé une forme d’angoisse latente puisqu’on sait que le danger existe – même si on fait semblant de ne pas le voir – mais qu’on ne se donne pas les moyens de l’affronter. Apprendre à se protéger, c’est trouver, face au risque, un juste équilibre entre l’insouciance et la paranoïa.

Ce qui semble avoir fait obstacle à une généralisation de la pratique de l’autodéfense par les femmes en France, c’est la vision de la femme diffusée dans notre société : celle d’une créature douce et fragile qui doit être protégée par les hommes, physiquement plus forts qu’elle. Cette image sexiste et réductrice de la femme a un double effet pervers : d’une part, elle encourage certains hommes à user de coercition violente sur les femmes ; d’autres part, elle dissuade de nombreuses femmes d’essayer de se défendre, en leur faisant croire que toute résistance physique face à un homme est vouée à l’échec et donc inutile. Il en résulte une image de la femme cantonnée au rôle d’éternelle victime. Même quand il s’agit de sensibiliser l’opinion contre les violences faites aux femmes, les media préfèrent représenter des victimes au visage tuméfié par les coups plutôt que des femmes le poing levé face à leurs agresseurs. Accepter qu’une femme soit puissante physiquement et ose lutter face à un homme semble encore tabou dans notre société.

Par ailleurs, on constate, dans certains groupes féministes et certaines associations de défense des victimes, une forte réticence à encourager les femmes à pratiquer l’autodéfense, au motif que cela favoriserait la stigmatisation des victimes (victim-blaming) : les gens risqueraient de penser que si on a enseigné l’autodéfense à une femme et qu’elle est malgré tout agressée, c’est de sa faute. Croire cela, c’est ignorer que l’issue d’une lutte physique est toujours incertaine, y compris pour les combattants les plus entraînés. Même en ayant pris des cours de self-défense, on ne peut jamais être certain-e de sortir victorieux-se en cas d’agression physique. C’est aussi ignorer que le choc d’une agression peut mettre la victime dans un état de sidération qui la rend incapable d’agir. Encourager les femmes à se défendre, ce n’est ni les rendre responsables de l’issue de l’agression, ni reporter sur elles la culpabilité de l’agresseur, c’est seulement leur donner les moyens de rendre cette issue moins défavorable pour elles, c’est leur donner les moyens d’agir au lieu de subir. Qu’il y ait riposte physique ou pas, c’est toujours l’agresseur qui est responsable de l’agression, jamais sa victime.

🚩 Pour une autodéfense citoyenne et responsable au service des femmes

L’autodéfense s’inscrit dans une logique de prévention active des agressions, que celles-ci soit commises par des inconnus ou par des proches. Si le travail d’aide aux victimes (sur le plan matériel, juridique, psychologique) est essentiel et doit mobiliser la société et les pouvoirs publics, il ne doit pas occulter les méthodes qui, comme l’autodéfense, peuvent permettre aux femmes d’agir, ici et maintenant, face aux dangers qui les guettent. Mesures d’assistance et mesures de prévention doivent être menées en parallèle, car elles sont complémentaires. La prévention ne doit pas se limiter à des campagnes médiatiques destinées à faire évoluer les mentalités, car cette approche ne peut produire ses fruits qu’à plus long terme et laisse entre temps les femmes démunies face à la violence. Encourager les femmes à prendre en main leur propre sécurité grâce à l’autodéfense, c’est leur permettre d’agir en attendant que les institutions les protègent mieux et que le comportement des agresseurs change. Dire aux femmes que la violence cessera quand les hommes changeront de comportement, c’est mettre la solution du problème entièrement entre les mains des hommes, et forcer les femmes à attendre que les hommes veuillent bien les respecter. En donnant aux femmes des techniques d’autodéfense qui les aideront à se faire respecter des hommes et à éviter leur violence, on permet aux femmes de contribuer activement au changement espéré.

Pour aider les hommes à changer et pour lutter contre la culture de la violence envers les femmes, il est important d’associer les hommes au processus. L’un des forces du programme No means no cité plus haut, c’est de ne pas s’être limité à enseigner l’autodéfense aux filles, mais d’avoir aussi formé des garçons pour leur apprendre à respecter les femmes et à solliciter leur consentement avant l’acte sexuel, à ne pas adhérer aux préjugés sur le viol et aussi à intervenir efficacement quand ils sont témoins d’une tentative d’agression sexuelle. Au-delà d’un simple programme d’autodéfense, ce programme a voulu changer la culture de la violence sexuelle et de la coercition, non pas en opposant filles et garçons, mais au contraire en les unissant autour d’un objectif commun à travers des formations parallèles. Ce programme a porté ses fruits auprès des garçons ayant été formés : 74% des garçons ayant suivi ce programme ont ensuite été capables d’intervenir avec succès pour mettre fin à une tentative de viol dont ils étaient témoins[4]. De plus, la violence exercée dans les couples a diminué. Le programme a substitué à la culture de la violence envers les femmes une culture de la « virilité positive », caractérisée par le courage d’intervenir, aux côtés des femmes, contre ceux qui se donnent le droit de les agresser. Lutter contre les violences envers les femmes, c’est enseigner aux femmes à dire « non », et aux hommes à respecter ce « non ».

L’autodéfense ne peut se généraliser de façon durable et efficace dans notre société que si elle s’exerce dans le cadre légal de la légitime défense et dans le respect des autres. A ce titre, elle a une véritable vocation citoyenne puisqu’elle permet à chacune et chacun d’assurer sa propre sécurité mais aussi de contribuer, dans la mesure du possible, à celle des autres. La violence physique est canalisée pour n’être utilisée que quand elle est indispensable. Ces valeurs doivent s’inculquer dès l’école, à l’âge où les préjugés sexistes, qui nourriront ensuite la violence, commence à germer dans les esprits.

Nos recommandations sont les suivantes :

  • Généraliser l’enseignement de l’autodéfense dès l’école primaire, avant l’entrée dans l’adolescence qui marque le début des risques de violences des garçons envers les filles. Cet enseignement, qui concernerait aussi bien les filles que les garçons, mais selon des modalités différentes, inclurait l’apprentissage de techniques verbales et physiques pour anticiper et faire face à la violence, ainsi que des mises en situation.
  • Encourager la pratique de l’autodéfense par les femmes en développant des partenariats avec des associations, des clubs de sport, et l’octroi de subventions pour que les femmes y aient accès quels que soient leurs revenus. Cette mesure viserait particulièrement les femmes ayant subi des violences conjugales, pour lesquelles l’autodéfense est non seulement un moyen de protection (face à un conjoint ou ex-conjoint toujours menaçant) mais aussi un moyen de reconstruction personnelle, comme l’a souligné Françoise Brié, directrice générale de Solidarité Femmes : « Il est important pour les victimes de reprendre confiance dans leur force physique et dans leur corps. Des activités comme l’autodéfense facilitent ce processus de reconstruction […] »[4].
  • Diffuser une culture positive de l’autodéfense citoyenne et responsable, loin des préjugés, des caricatures et des dérives sécuritaires.

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[1] https://www.nomeansnoworldwide.org/research

[2] “Teaching women to fight today could stop rapes tomorrow » Tamara Straus, June 2015. www.qz.com/425030/teachingwomen-to-fight-today-could-stoprapes-tomorrow

[3] The Impact of Victim Self Protection on Rape Completion and Injury – Gary Kleck and Jongyeon Tark – septembre 2005 – https://www.ncjrs.gov/

[4] https://www.nomeansnoworldwide.org/research

[5] Françoise Brié, dans une interview donnée dans le livre “Défendez-vous ! Le Guide Complet des femmes qui prennent leur sécurité en main ».

Iluustration : Scarlatine

Chronique du 6 août 2019

EN SEPTEMBRE, MOBILISATION GENERALE CONTRE LES VIOLENCES CONJUGALES !

Le gouvernement va lancer au mois de septembre un “Grenelle des violences conjugales”. L’objectif ? Enrayer le phénomène des féminicides en France : depuis le début de l’année 2019, 85 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-conjoint (d’après le collectif Féminicides par compagnons ou ex).

🚩 Marlene Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, a annoncé qu’il s’agirait d’une mobilisation nationale avec une grande consultation citoyenne et une campagne pour interpeller toute la société. Cette grande consultation réunira notamment les ministres concernés, des associations, des experts, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, des magistrats, des familles de victimes pour un echange global sur un état des lieux, des propositions et une mise en œuvre de la lutte contre les violences.

🚩 La mobilisation commencera le 3 septembre et se terminera le 25 novembre, pour la Journée contre les violences envers les femmes. La mobilisation commencera le 3/9/19, en écho au numéro 3919, la ligne téléphonique d’écoute nationale consacrée aux femmes victimes de violences. Cette ligne est gérée par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (Solidarité Femmes) qui est spécialisée dans le suivi de femmes victimes de violences, en particulier conjugales, et de leurs enfants.

🚩 La Fédération Nationale Solidarité Femmes a transmis au gouvernement différentes propositions, notamment sur les thèmes suivants :

– Des modifications législatives en particulier pour tout ce qui touche à l’autorité parentale et à la sécurité des femmes et des enfants.

– L’interdiction systématique de toute forme de médiation en cas de violences conjugales.

– Le renforcement de la réponse pénale aux violences conjugales en particulier les violences sexuelles.

– Le renforcement des dispositifs de référent.e.s spécialisé.e.s (police, justice, santé, associations) pour améliorer la prise en charge globale des femmes victimes de violences et de leurs enfants.

– L’amélioration des mesures de protection des femmes victimes de violences, pour mieux évaluer le danger et suivre les auteurs de violences.

– L’accès et le maintien dans le logement des femmes victimes de violences.

– L’augmentation de la protection et de l’accès aux droits des femmes étrangères victimes de violences.

– La lutte contre la précarisation post-séparation des femmes victimes de violences.

– Le développement les actions de prévention, d’éducation et de formation.

🚩 Espérons que des mesures concrètes seront prises. On vous tiendra au courant sur notre page Facebook Défendez-vous.

Mobilisez-vous en envoyant directement vos idées au gouvernement sur grenelle@pm.gouv.fr

Chronique du 28 juillet 2019

LA PEUR EST UN DON

On réduit trop souvent la peur à une faiblesse, et on a tort. La peur est un don, le don précieux que la nature nous a fait pour nous protéger. C’est grâce à la peur que nous percevons les dangers qui nous menacent et que nous pouvons les éviter. Avoir du courage, ce n’est pas ignorer la peur : c’est écouter l’avertissement qu’elle nous donne pour agir d’une façon qui nous permettra de survivre au danger.

Pour apprendre à utiliser notre peur de façon efficace, il faut d’abord faire la différence entre la peur injustifiée et la peur justifiée. C’est la peur justifiée qui est utile car elle repose sur des causes réelles liées à l’observation de notre environnement, alors que la peur injustifiée nous paralyse sans raison. Prenons un exemple simple : vous êtes à l’aéroport et vous avez soudain très peur de monter dans l’avion. Si vous avez peur parce que vous avez regardé la veille un reportage sur les crashs aériens, votre peur est injustifiée : ces accidents sont des cas exceptionnels et statistiquement, vous courez plus de risque de mourir en voiture. En revanche, si vous avez peur parce que vous venez de voir le pilote boire de l’alcool dans un bar de l’aéroport et en sortir visiblement ivre, votre peur est justifiée car elle repose sur des faits concrets et réels liés au voyage que vous vous apprêtez à faire (le pilote de votre avion n’est pas en état de piloter). Dans votre vie, vous devez apprendre à lutter contre vos peurs injustifiées, et à tenir compte attentivement de vos peurs justifiées pour éviter les dangers.

Comment faire ?

🚩 N’ayez pas peur d’admettre que vous avez peur ! Si vous écoutez votre ego au lieu de votre peur, si vous vous souciez davantage de ce que les gens vont penser de vous que de la prise en compte des risques réels de votre environnement, vous vous mettez en risque.
🚩 Méfiez-vous du déni. Le déni, c’est un mécanisme de défense qui consiste à nier une perception traumatisante de la réalité extérieure. Vous faites semblant de ne pas voir une réalité qui vous effraye ou vous fait souffrir. Le déni vous met en danger en vous empêchant de regarder les risques en face.
🚩 Ecoutez votre intuition. L’intuition n’est pas un pouvoir magique, c’est un contraire un don que nous avons tous à l’état naturel, mais que nous développons plus ou moins. L’intuition, c’est comme un super-ordinateur dans notre cerveau, qui, sans que nous en ayons conscience, enregistre et analyse tous les signaux d’alerte de notre environnement pour nous guider dans nos actions. Lorsqu’on sait bien l’utiliser, notre intuition (et la peur qui en résulte dans certaines situations) est notre garde du corps le plus efficace. C’est la théorie développée par un expert en sécurité américain, Gavin de Becker, qui assure la protection de plusieurs stars et hommes politiques américains, dans son livre « The Gift of fear ».

La peur est un don, développez-le !

Chronique du 16 juillet 2019

NON, UN FEMINICIDE N’EST PAS UN SUICIDE

L’une de nos lectrices nous a envoyé une vidéo publiée sur le blog La chronique de Nina Narre qui l’avait choquée. On a donc écouté la vidéo en question et on a compris pourquoi : Nina Narre considère que lorsqu’une femme est assassinée par un conjoint ou compagnon violent, c’est un suicide, parce qu’elle a « choisi » de rester avec son compagnon violent tout en sachant qu’elle était en danger de mort. Nina Narre considère que si une femme reste avec un homme qui la maltraite, c’est parce qu’elle n’a pas assez de volonté pour le quitter : « Une femme qui reste avec un mec qui lui tape sur la gueule pendant des années, moi j’appelle ça du suicide en fait. », « c’est très triste qu’il y ait des femmes qui n’aient pas la force de quitter un espèce d’abruti qui les cogne », « c’est à elles de se tirer de là…elles ne sont pas séquestrées… si elles restent, c’est du suicide», « un mec qui me taperait sur la gueule, je lui broie les couilles, il aura pas le temps de dire ouf, jamais ça n’arrivera ». Ces idées étant aussi fausses que dangereuses, et malheureusement assez répandues,on a décidé d’y répondre dans cette publication, statistiques à l’appui.

Défendez-vous encourage les femmes à se battre contre ceux qui se donnent le droit de les agresser, mais trouve inacceptable que certaines personnes reportent sur les victimes la responsabilité des violences. Dire qu’un féminicide est un suicide, c’est rendre la victime d’un meurtre responsable de sa mort, c’est rendre le meurtrier non coupable.

Voilà pourquoi Nina Narre – et tous ceux qui pensent comme elle – ont tort :

🚩 45% des féminicides liés à des violences conjugales ont lieu APRES une rupture ou un divorce, c’est-à-dire quand la femme a déjà quitté l’homme qui la maltraitait. Ce n’est donc pas le fait d’être restées auprès du conjoint/compagnon violent qui tuent ces femmes, mais le fait d’être parties.
🚩 De nombreuses femmes victimes de violences sont en situation de grande vulnérabilité physique : près de 20% des femmes victimes de violences conjugales subissent des violences lors de leur grossesse ou à l’occasion de l’arrivée d’un enfant (voir sur ce point notre publication « Enceinte et en danger » du 8 juin). C’est également le cas pour les femmes handicapées : 8 femmes handicapées sur 10 et qui vivent avec un homme sont victimes de violences. Pas facile de fuir une brute quand on est aveugle ou avec un nouveau-né, même avec la meilleure volonté du monde…
🚩 Et pour toutes les autres femmes victimes, il existe malheureusement beaucoup de raisons qui les poussent à rester auprès de l’homme qui les maltraite : elles ont peur qu’on leur retire la garde de leurs enfants si elles quittent le domicile ; elles ont peur de se retrouver à la rue (les places en foyer d’accueil étant très insuffisantes) ; l’homme violent les menaces de mort si elles le quittent …

🚩 Enfin, chez de nombreuses victimes de violences conjugales (comme chez les victimes de violence en général), le cerveau met en place des mécanismes de défense qui font disjoncter le circuit émotionnel (le système limbique) pour éviter que la victime ne meurt de stress. Il s’agit d’une sorte d’anesthésie émotionnelle et physique qui rend la victime comme indifférente à la situation. Seule un traitement médical peut alors l’en sortir (https://www.memoiretraumatique.org/psychotr…/mecanismes.html). Ce que Nina Narre appelle un manque de volonté est en réalité la manifestation d’un trouble neurobiologique grave consécutif au traumatisme de la violence.

🚩Vous êtes victime de violences dans votre couple? Contactez le 3919 Violences Femmes Info, pour recevoir une assistance anonyme, confidentielle et gratuite 7 jours sur 7.

Chronique du 11 juillet 2019

LA VIOLENCE COMMENCE DANS NOTRE ASSIETTE

Ce que nous mangeons a une influence sur la façon dont nous agissons. Une alimentation déséquilibrée contribue à déclencher des comportements asociaux, voire violents. Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont mis en évidence des liens entre déséquilibres nutritionnels et violence.

L’une de ces études a été réalisée par Bernard Gesch, chercheur en nutrition et en criminologie à Oxford, dans la prison la plus violente d’Ecosse, Polmont. Sur un groupe de 231 jeunes détenus, il a donné à certains détenus des compléments alimentaires à base de vitamines, de minéraux et d’acides gras et à d’autres détenus des placebos. Les détenus ne savaient pas s’ils recevaient un placebo ou un vrai complément alimentaire, afin de ne pas influencer leur attitude. Les résultats furent spectaculaires : les actes de violences ont diminué de plus de 26% dans le groupe ayant pris les compléments alimentaires.

Plusieurs chercheurs ont souligné que les effets de la nutrition sur les comportements ont été sous-estimés, et que la consommation de « junk food » (nourriture trop grasse, trop sucrée et peu nutritive) a contribué à une augmentation de la violence. Une carence en vitamine B12 favorise les réactions d’hostilité, une carence en fer ou en magnésium cause de l’hyperexcitabilité et de l’impulsivité…Privé d’une alimentation saine, le cerveau, qui commande notre comportement, fonctionne mal. Bien sûr, l’alimentation n’est pas seule responsable de notre comportement, mais elle a une influence directe sur lui. Espérons que les pouvoirs publics en France et ailleurs tiendront compte de ces constatations pour mettre en œuvre les programmes alimentaires nécessaires dans les écoles, les prisons, les quartiers sensibles… .

5 fruits et légumes par jour, ce n’est pas seulement bon pour la santé, c’est aussi bon pour la paix dans le monde !

Chronique du 5 juillet 2019

BIENTOT LES VACANCES ! COMMENT PARTIR EN TOUTE SECURITE

Pour celles et ceux qui ont la chance de bientôt partir en vacances, voici quelques conseils pour en profiter en toute sécurité, quelle que soit votre destination.
En vacances comme le reste du temps, le principe de base pour assurer votre sécurité personnelle, c’est de rester vigilant(e) et de vous adapter à votre environnement. Lorsque vous voyagez, vous vous retrouvez dans un environnement nouveau : vous devez identifier et anticiper ses dangers, et vous y adaptez.

🚩Si vous voyagez à l’étranger, renseignez-vous avant de partir sur votre destination et les risques qu’elle présente pour votre sécurité (risques naturels, sanitaires, géopolitiques etc). Renoncez à voyager en cas de danger : ce serait dommage de finir vos vacances kidnappé( e) par un groupe armé local ou victime d’une épidémie de fièvre hémorragique !
Le Ministère des Affaires Etrangères propose une évaluation des risques par destination dans sa rubrique « Conseils aux voyageurs » :
https://www.diplomatie.gouv.fr/…/conseils-par-pays-destina…/

🚩Respectez scrupuleusement les lois locales et en particulier celles relatives à l’alcool, aux stupéfiants et aux mœurs. Les peines encourues pour violation de la loi dans certains pays peuvent être très lourdes, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité, voire la peine de mort. Certains comportements parfaitement légaux en France peuvent être formellement interdits ailleurs : par exemple, il y a encore 8 Etats dans le monde où l’homosexualité est passible de la peine de mort….Veillez aussi à respecter les usages locaux, notamment les règles vestimentaires, alimentaires, et les principes de politesse. En évitant de heurter la sensibilité des populations locales, vous limitez les risques d’incidents. De nombreux guides touristiques proposent des informations pratiques sur chaque pays, consultez-les attentivement. Vous pouvez aussi vous renseigner auprès des consulats français locaux.

🚩La sécurité en vacances, c’est aussi se montrer responsable envers ceux qui dépendent de vous : n’abandonnez pas votre petit chien sur le bord de l’autoroute, ni votre grand-mère à l’hôpital !

Chronique du 28 juin

MESURER LA VIOLENCE POUR MIEUX L’EVITER

La violence vient souvent s’installer dans un couple de façon progressive, sournoise. Les rapports se détériorent pour aller parfois jusqu’aux violences physiques, voire l’homicide. Pour certaines personnes, surtout quand elles sont jeunes, il n’est pas toujours facile de faire la différence entre les disputes qui font partie du fonctionnement normal d’un couple, et les actes qui traduisent de l’agressivité et du mépris qui peuvent déboucher sur une vraie violence.

C’est pour cela que l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis, l’association En Avant Toute(s) et la Mairie de Paris ont créé un outil simple – le « violentomètre » – pour « mesurer » si la relation amoureuse est basée sur le consentement et ne comporte pas de violences.

Cet outil est avant tout destiné aux femmes, qui sont les principales victimes de violences conjugales. Mais il peut aussi s’adresser aux hommes, qui ne sont pas épargnés par la violence au sein du couple. Près de 80% des victimes d’homicides dans le couple sont des femmes, et environ 20% des hommes.

Créé en 2018, le Violentomètre a été remis à l’honneur le 24 juin 2019, lorsque le gouvernement a annoncé la création d’un compte Twitter pour alerter sur les violences sexuelles et sexistes (« Arrêtons-les ! »). Ce compte servira de « centre de ressources à destination des femmes victimes de violences afin de leur faire connaître les dispositifs d’aide et d’orientation ».

🚩Comment fonctionne le Violentomètre ?
Sur un échelle graduée de 1 à 24 (24 étant la pire situation), l’outil présente toutes une gamme de comportements qui peuvent exister au sein d’un couple : les comportements normaux en vert (« Profite ! Ta relation est saine») puis les attitudes à risques en orange (« Vigilance, dis stop ! Il y a violence ») et enfin les comportements très dangereux en rouge (« Protège-toi, demande de l’aide ! Tu es en danger »).
Cette outil facilite la prise de conscience chez les victimes de violence, qui ont parfois du mal à se rendre compte que la situation qu’elles vivent est anormale. Le Violentomètre aide notamment à comprendre quand une relation est toxique et lorsqu’il est nécessaire de demander de l’aide.

Le Violentomètre est disponible sur
https://www.centre-hubertine-auclert.fr/…/brochure-violento…

🚩Vous subissez des violences dans votre couple ? Contactez le 3919 Violences Femmes Info, pour bénéficier d’une assistance anonyme, confidentielle et gratuite 7 jours sur 7.

Chronique du 23 juin

MYTHES ET IDEES RECUES SUR LE VIOL

Persistance des stéréotypes sexistes, culpabilisation des victimes, méconnaissance de la réalité des violences sexuelles et de la législation sur le viol… : voilà ce qui ressort de l’enquête réalisée par l’institut IPSOS pour l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, qui vient d’être rendue publique. Menée auprès de 1 000 femmes et hommes représentatifs de la population française âgée de 18 ans, cette enquête met en évidence des idées reçues et des croyances, répandues aussi bien chez les hommes que chez les femmes, qui alimentent une tolérance face aux comportements sexuels violents et favorisent l’impunité des agresseurs.

🚩Voilà certaines des idées reçues les plus hallucinantes mises en évidence par cette enquête, et notre décodage :

▪️Idée reçue : 32% des Françaises et Français pensent que lorsqu’une victime déclare avoir été violée, il y a eu un malentendu, la victime était en réalité consentante, ou le violeur a cru qu’elle l’était.

Décodage : c’est l’excuse classique donnée par les violeurs pour justifier leur comportement : ils prétendent que lorsqu’une femme dit « non », en réalité elle pense « oui », et que ça leur donne le droit d’agir.

▪️Idée reçue : 43% des Françaises et Français pensent que si la victime se défend vraiment, elle peut faire fuir le violeur, et 30% pensent que si elle n’a pas résisté, c’était qu’elle était consentante.

Décodage : en réalité, dans de nombreux cas de viols, le choc provoqué par l’agression rend les victimes incapables de réagir. Si elles ne se défendent pas, ça ne veut pas dire qu’elles sont consentantes, mais qu’elles sont paralysées par la peur. De plus, de nombreux viols sont perpétrés sur des victimes mineures ou vulnérables (malades, infirmes, déficientes physiques ou psychiques…) pour lesquelles il est encore plus difficile, voire impossible, de se défendre.

▪️Idée reçue : 42% pensent que si la victime a eu une attitude provocante en public, cela excuse en partie le violeur.

Décodage : comme de nombreuses idées reçues sur le viol, cette croyance revient à dire que c’est la victime qui est responsable du comportement du violeur, et non le violeur. Or si la victime n’est pas consentante, il y a viol, quelle que soit la façon dont la victime est vêtue. En droit français, il y a viol lorsqu’une relation sexuelle est imposée par violence, contrainte, menace ou surprise. Des critères comme la tenue vestimentaire ou l’attitude de la victime n’entrent pas dans la définition légale du viol.

▪️Idée reçue : 57% des Francais-e-s pensent que la sexualité masculine est pulsionnelle et difficile à contrôler, alors que la sexualité féminine est passive ; 26 % considèrent que les femmes savent beaucoup moins que les hommes ce qu’elles veulent.

Décodage : ce mythe sert à excuser les violeurs en soutenant qu’ils ont été eux-mêmes victimes d’une pulsion incontrôlable qui les a poussés à violer. Cette croyance va de pair avec l’idée reçue selon laquelle ce sont des hommes frustrés sexuellement (et donc dépassés par leurs pulsions) qui violent. Or des études montrent que 89 % des hommes incarcérés pour viol avaient des relations sexuelles régulières (hors viols) avant leur incarcération. De plus, la plupart des violeurs agissent de façon très rationnelle, contrôlée, et prennent le moins de risque possible pour ne pas se faire prendre (voir sur ce sujet notre publication du 8 mai 2019 « Dans la tête des violeurs »).

▪️Idée reçue : plus de la moitié des Français.e.s pensent que les viols sont avant tout commis par des inconnus dans l’espace public.

Décodage : en réalité, dans 70% des cas de violences sexuelles, la victime connaissait l’auteur de l’agression sexuelle avant l’agression.

▪️Idée reçue : la moitié des Français.e.s considèrent que forcer une personne à faire une fellation n’est pas un viol mais une agression sexuelle. 1 Français.e.s sur 4 considèrent que réaliser un acte de pénétration sexuelle avec le doigt sur une personne qui le refuse n’est pas un viol.

Décodage : la loi française définit le viol comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature que ce soit, commis par violence, contrainte menace ou surprise. Le viol se caractérise par la pénétration forcée de la bouche, du sexe ou de l’anus, commise par le sexe, les doigts ou un objet, ou par tour autre moyen. Une fellation forcée est donc un viol, une pénétration forcée par le doigt est aussi un viol.

▪️Idée reçue : 21% des Français.e.s considèrent que forcer sa conjointe à avoir un rapport sexuel alors qu’elle le refuse n’est pas un viol.

Décodage : imposer un rapport sexuel à une personne non consentante est toujours un viol, y compris lorsque l’auteur du viol et la victime sont mariés, concubins ou pacsés.

🚩Retrouvez les résultats complets de l’enquête IPSOS sur https://www.memoiretraumatique.org/…/2019-enquete-ipsos.html

Chronique du 18 juin 2019

PARENTS TUEURS D’ENFANTS : LES SIGNAUX D’ALERTE

En France, une enfant est tué tous les 5 jours par ses parents (voir notre publication du 1er mai « L’enfance assassinée » sur le rapport officiel sur les morts violentes d’enfants dans les familles).

Pourtant, ces morts tragiques pourraient être évitées si on apprend tous à repérer les signes qui annoncent ces drames, et à donner l’alerte.

🚩Quels sont les signes qu’un enfant risque d’être tué par ses parents ?
D’après le rapport, au moins 4 de ces signaux existaient dans les cas de morts violentes recensés :
o L’enfant est encore très jeune : plus de la moitié des enfants tués ont moins d’1 ans (52% sont des garçons, 48% des filles).
o L’enfant est peu ou pas suivi sur le plan médical.
o L’enfant multiplie les absences ou les retards à l’école.
o Les parents déménagent fréquemment.
o L’enfant porte des traces de violence physique (bosses, ecchymoses, brûlures…).
o Il existe des signes de violences conjugales entre les parents
o Les parents sont en situations de détresse matérielle (chômage, précarité, désinsertion…) et psychologique (troubles psychiatriques, addictions, maltraitances subies dans leur enfance etc.), ou encore d’isolement (famille monoparentale).
Dans 50% des cas, ce sont les mères qui tuent. Dans 42% les pères, et dans 8% les conjoints.

Lien vers le rapport complet sur les morts violentes d’enfants dans les familles : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/…/rap…/194000379.pdf

🚩Comment donner l’alerte en cas de maltraitance d’enfant :
▪️119 ALLO ENFANCE EN DANGER
Numéro gratuit disponible 24h/24 et 7j/7 depuis n’importe quel téléphone, fixe, mobile ou cabine téléphonique, en France et dans les DOM.

▪️0 800 05 12 34 ENFANTS MALTRAITES
Numéro Vert anonyme et gratuit de l’association Enfance et Partage. Disponible de 10h à 18h.

▪️L’association La Voix de l’Enfant(http://www.lavoixdelenfant.org/) tient également des permanences juridiques tous les mercredis après-midi, de 14h30 à 18h au 01.40.22.03.05.

Chronique du 8 mai 2019

DANS LA TETE DES VIOLEURS

Le viol est-il le produit d’une pulsion sexuelle chez un homme frustré n’ayant pas accès au sexe ? Non. Des études montrent que 89% des hommes incarcérés pour viol avaient des relations sexuelles régulières (hors viols) avant leur incarcération.

Les viols sont-ils commis par des malades mentaux incapables de résister à leur excitation sexuelle et de comprendre les limites qu’ils doivent respecter ? Non. La plupart des violeurs agissent de façon très rationnelle, réfléchie, et prennent le moins de risque possible pour ne pas se faire prendre.

Le viol n’est dû ni à la frustration, ni à la maladie mentale, ni au pulsion sexuelle. Il trouve sa source dans les préjugés, les mythes sur le viol, qui contribuent à déresponsabiliser les auteurs de viols et à reporter la responsabilité du viol sur les victimes. Certaines études sociologiques en Europe et aux Etats-Unis ont montré qu’entre 30 et 35% des hommes sont des violeurs potentiels.

Quels sont les points communs entre ces hommes ?

– ils sont nourris de préjugés sexistes, qui les conduisent soit à mépriser les femmes, soit à les valoriser uniquement dans certains rôles prédéfinis (comme par exemple celui de mère au foyer) ;

– ils aiment dominer et obtenir ce qu’ils veulent : par exemple, ils considèrent qu’il est normal qu’une femme couche avec eux une fois qu’ils l’ont invitée au restaurant.

– Ils établissent un lien entre sexualité et domination, ils ont tendance à considérer la femme comme un objet dont ils peuvent disposer à leur guise.

– Ils ont intégré dans leur esprit les mythes et préjugés sur le viol. Ils pensent que la violence est sexuellement excitante pour les femmes ; que la victime résiste si vraiment elle n’est pas consentante ; qu’une femme qui s’habille de façon sexy « l’a bien cherché » si on la viole …

Les préjugés sur le viol poussent certains hommes à agresser sexuellement, car ils aident ces hommes à excuser leur comportement à leurs propres yeux. Ainsi, un violeur va pouvoir se dire que s’il n’a pas mis un couteau sous la gorge de sa victime dans un parking sombre et si elle ne s’est pas débattue, ce n’est pas vraiment un viol, c’est un acte sexuel normal.

Comme l’a souligné la chercheuse Noémie Renard, «Dénoncer et démanteler les mythes sur le viol est donc sans doute un moyen de limiter les agressions sexuelles.» A chaque homme de faire son introspection, de réfléchir à la façon dont il envisage la sexualité (est-ce sur le sur le mode de la domination et de la violence ?) et plus généralement ses relations avec les femmes, d’apprendre à tenir compte des désirs de l’autre.

🚩Pour aller plus loin sur ce sujet, on vous recommande l’excellent blog https://antisexisme.net/  « Antisexisme – Sexisme et Sciences Humaines – Féminisme » ainsi que le podcast « Les couilles sur la table »

Chronique du 5 mai 2019

DU SANG ET DES MACHETTES

25eme COMMEMORATION DU GENOCIDE AU RWANDA

Entre le 7 avril et la mi-juillet 1994, au Rwanda, près d’un million de personnes ont été massacrées dans des conditions dont l’horreur dépasse nos pires cauchemars.

Les victimes appartenaient en grande majorité à la communauté Tutsi. S’il y eut quelques morts dans la communauté Hutu, seules les familles de Tutsi furent massacrées de façon systématique, selon un plan d’extermination développé par les instances étatiques et nourri par une idéologie raciste opposant les communautés Tutsi et Hutu vivant alors au Rwanda. Les médias dénigrèrent les Tutsi en les assimilant à des « insectes nuisibles dont il faut se débarrasser ».

Ce qui frappe le plus dans ce génocide, c’est la cruauté inouïe des mises à mort et la grande proximité qui existait entre bourreaux et victimes. Ce sont des voisins, des amis et des familiers des victimes qui ont tué ou livré aux tueurs les Tutsi. Les proches sont devenus les bourreaux, traquant leurs victimes au coin des rues, dans les habitations, et jusque dans écoles, les églises, les hôpitaux… Pour tuer, les meurtriers utilisèrent des massues, des machettes, et des lames de toutes sortes pour mutiler et découper les victimes, ainsi que des grenades et des fusils ; ils brûlèrent des gens vivants, jetèrent des bébés contre les murs sous les yeux de leurs mères…Le génocide des Tutsi a aussi été marqué par une violence sexuelle sauvage : viols collectifs et publics, mutilations sexuelles, esclavage sexuel.

Alors qu’a débuté, en avril 2019, la 25ème commémoration de cet atroce génocide, souvenons-nous des victimes et tirons une leçon importante de cet événement tragique : la violence a commencé par des mots, de simples mots. Les Hutu ont traité les Tutsi de « cafards », avant de les exterminer à coups de machettes. La haine s’est construite sur des préjugés et des stéréotypes véhiculés par des mots.

Se défendre, protéger sa vie et celle des autres, c’est d’abord apprendre à lutter contre les préjugés (qu’ils soient sexistes, racistes, religieux, sociaux) véhiculés par certains discours, apprendre à ne pas employer nous-même des mots qui alimentent la violence contre d’autres personnes. La violence commence quand nous traitons d’autres êtres humains comme des animaux ou des objets, quand nous les déshumanisons. Les mots tuent, ne l’oublions pas.

🚩 Pour en savoir plus sur le génocide au Rwanda : http://www.memorialdelashoah.org/rwanda/index.html Exposition au Mémorial de la Shoah à Paris (« Rwanda 1994 : notre histoire ? ») et à Drancy (« Rwanda 1994 : le génocide des Tutsi »). Du 1er avril au 30 juin 2019.

🚩Pour soutenir les rescapés du génocide : www.ibuka-france.org Ibuka France Mémoire

Illustration :
http://www.memorialdelashoah.org/rwanda/index.html

Chronique du 9 mars 2019

PORNOGRAPHIE ET VIOLENCE SEXUELLE : LES LIAISONS DANGEREUSES ?

La pornographie alimente-t-elle la violence sexuelle contre les femmes ? C’est la question qu’on est obligé de se poser lorsqu’on voit les dérives actuelles de cette industrie, où se multiplient des scénarios de brutalité et d’humiliation envers les femmes : scènes de sexe accompagné de gifles, de coups et d’insultes, films montrant des dizaines d’hommes s’acharner sur une seule femme, ou des fellations forcées jusqu’aux vomissements… . Et que penser quand une plateforme de porno en ligne comme PornHub propose des rubriques « Teen»/Adolescentes sans mises en garde sur les règles légales encadrant la sexualité des mineurs ? Vous pouvez consulter sur ces thèmes l’article du 23 février du blog https://www.lesbridgets.com/

Chaque individu doit rester libre de satisfaire ses désirs sexuels, mais dans le respect des désirs de ses partenaires sexuels, et surtout dans le respect de la loi. Or la pornographie, qui tend à s’imposer comme une norme sociale à suivre en matière sexuelle alors qu’elle met en scène un univers de fantasmes déconnecté de la réalité, engendre une confusion sur les pratiques sexuelles qui sont légales, et celles qui ne le sont pas. En France, une fellation forcée est un viol, comme toute autre pénétration sexuelle commise par violence, contrainte, menace ou surprise. Frapper une femme et l’insulter est également puni par la loi. La brutalité mise en scène par certains films X, et l’image dégradante et déshumanisante de la femme qu’ils véhiculent, sont d’autant plus préoccupantes que la moitié des adolescents de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site porno, et que plus de 45% des gens ont déjà essayé de reproduire une scène ou position vue dans un film X (sondage IFOP). A travers le porno, la violence s’impose insidieusement dans notre intimité.

Certains prétendent que les films porno ne font que s’adapter aux pulsions de ceux qui les regardent. Mais n’est-ce pas au contraire la pornographie qui crée ces fantasmes de domination masculine et de violence, ou du moins les renforce, en les mettant systématiquement en scène dans leurs formes les plus extrêmes sur des sites accessibles à tous ?

C’est à chacun d’entre nous d’apprendre à faire la différence entre fantasmes et réalité, et de l’enseigner aux jeunes générations. Pour les jeunes, les dangers d’une telle exposition à la violence sexuelle sont si grands qu’en juin 2018, Le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) a lancé un appel aux pouvoirs publics et aux politiques pour que la protection des mineurs contre la pornographie soit enfin assurée et l’information sur la sexualité développée en milieu scolaire (https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/100026/protection-des-enfants-et-adolescents-contre-la-pornographie-dossier-de-presse/).

Chronique du 28 octobre 2018

CONSENTEMENT SEXUEL ET VIOL CONJUGAL

Ces derniers jours, les propos tenus à l’occasion de certaines émissions de TV et de radio ont suscité beaucoup de débats sur le consentement sexuel au sein d’un couple, et beaucoup de confusion.

Petite mise au point : en droit français, il y a viol lorsqu’un agresseur impose un acte de pénétration sexuelle à la victime avec violence, contrainte, menace ou surprise, quelle que soit la nature des relations existant entre l’agresseur et sa victime, y compris s’ils sont mariés.

La surprise existe lorsque la victime est dans l’incapacité de donner son consentement à une relation sexuelle pour une raison liée à sa situation personnelle au moment des faits. C’est notamment le cas si la victime est endormie.

En France, faire l’amour à une personne endormie est donc un viol.